PARCE QUE J'EXISTE

JEAN-CLAUDE TESCARI, Thérapeute et Ecrivain

LE SOUFFLE SACRE OU LA VIEILLE FEMME QUI RIT

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Il existe au moins deux mondes. Le premier dans lequel nous vivons est celui régi par des règles physiques et logiques. C’est un monde concret et donc visible. Le second, lui, est au contraire abstrait, invisible et pourtant comme le premier bien réel. C’est un monde d’énergies impalpables au travers duquel nous évoluons à chaque instant et grâce auquel nous subissons constamment des effets positifs ou négatifs sans même le savoir. Pareil à la mémoire d’un super ordinateur, il recèle des données et des informations circulant constamment d’un bout à l’autre de notre planète. Parfois, même sans que nous essayions de nous y connecter, il peut arriver que nous en percions un secret, un message à interpréter, sorte de réponse à la somme innombrable de questions que nous nous posons.

C’est ce que j’appelle « un état de grâce », un songe.

Mais peut-on faire confiance à un songe ? Doit-on lui accorder quelque crédit que ce soit ? Comment savoir si le message contenu est la vérité ? Je dirais que la seule vérité qui en ressort réside dans la croyance que nous lui accordons, ainsi que dans la puissance que nous développons pour lui donner vie. La vérité d’un songe est donc pour moi bien moins importante que la force de notre volonté à y croire. Car c’est elle qui va déclencher le processus qui en fera au final une vérité vraie.

L’HISTOIRE

C’est une soirée d’été dans une ville inconnue à l’architecture futuriste, mêlant constructions modernes et bâtiments anciens et encombrée de gratte-ciel qui semblent retenir la lumière déjà déclinante. La chaleur est pesante et humide. Debout dans une rue presque déserte, j’avance calmement, observant ce qui se passe autour de moi, cherchant  à comprendre où je suis. Une voix intérieure me parle et me dit qui je suis, que dans cet univers inconnu malgré tout j’ai conscience de tout, d’être moi-même et qu’il me faut poursuivre mon chemin.

Soudain mon regard se porte sur la base d’un immeuble à ma gauche, où j’aperçois une entrée qui semble donner dans les soubassements de cet immeuble. Sans hésitation je quitte la rue et me dirige comme attiré vers cette entrée. Je la franchis et me retrouve dans une pièce aux murs tagués d’inscriptions et de graffitis. Une atmosphère de tristesse et d’abandon s’en dégage. Au sol ici et là s’entremêlent des corps endormis et des détritus, formant un tableau à l’image d’une espèce de purgatoire, où les âmes épuisées et torturées finissent par s’endormir pour s’en échapper. Quelque chose en moi me dit que ce n’est pas fini, qu’il doit y avoir une suite. Je détache mes yeux de cette scène apocalyptique cherchant une issue, lorsqu’apparaît sur ma droite un couloir d’où s’échappe un lointain son murmuré. Avec précaution j’enjambe les corps et décide de me laisser guider par ces voix. A mesure que je progresse dans ce couloir au plafond bas, l’environnement semble se transformer. Les salissures disparaissent, laissant place à des murs colorés de jaune pour finir ornés de calligraphies bleu et noir sur fond d’or. Le son à présent est clairement un refrain, un mantra chanté, alterné de respirations profondes et cadencées. Tout à coup apparaît une lumière, une entrée cette fois dans une pièce ronde décorée de tentures aux couleurs chatoyantes d’un palais oriental.

Stupéfait, je m’arrête devant le spectacle qui s’offre à moi. Un groupe de personnes forment un cercle et après chaque respiration émettent un son, puis doucement, assis en tailleur, se mettent à léviter. A cette seconde précise, je me dis que c’est là, que j’y suis ! Une sensation de force et à la fois de sérénité m’envahit. Un bref instant le souvenir de la première salle me revient une dernière fois et s’enfuit très loin. Mille questions me viennent au bout des lèvres, mais respectueusement je n’ose déranger le groupe concentré. Finalement j’aperçois à nouveau un couloir et je décide de m’y faufiler. A peine ai-je dépassé l’entrée que, pour pouvoir avancer, je dois éviter un obstacle bouchant quasiment le passage étroit. Respirant et lévitant, une vieille femme de petite taille se tient devant moi et me sourit. Je lui réponds en souriant à mon tour, frôlant le mur pour la dépasser. Mais brusquement je m’arrête à nouveau, je reviens vers elle et je lui dis que c’est cela que je veux faire : léviter, et je lui demande de me l’enseigner.

La conscience de ce que je vis et de mes actes est toujours présente à mon esprit. Malgré tout, quelque chose d’autre, une partie de moi-même plus profonde, plus vraie, me pousse à agir de la sorte comme si tout était naturel, comme si tout émergeait de l’évidence même. Apprendre à léviter !…

Comme si elle l’avait toujours su et m’avait attendu, elle me saisit par la main et m’entraîne en dodelinant vers la porte qui se trouve au bout tout au fond. Je me surprends à me laisser emporter par cette petite femme, habillée d’une longue robe qui me fait penser à une gitane. Elle me parle dans une langue étrangère et rit. Je ne comprends pas un mot, mais intuitivement je la suis. Ma curiosité grandit et se voit comblée lorsque, à peine sommes-nous entrés dans cette troisième salle, une ambiance qui me semble familière m’accueille.

Face à moi, une immense table de bureau d’angle se dresse, couverte de fioles colorées, d’alambics bouillants et de cristaux scintillants. Parmi de nombreux outils et d’herbes séchées trône en son centre un vieux livre aux pages jaunies par l’usure du temps. Mon regard chemine vers la gauche jusqu’à mes côtés, je remarque un divan, une étagère, une petite table et un tabouret, tous du même style oriental, confortable et raffiné jusqu’à ce fauteuil où d’un geste énergique la femme m’ordonne de m’asseoir. Silencieux j’obéis tout en l’observant prendre un linge d’une matière étrangement semblable à un cuir très fin de couleur terre d’ombre. S’approchant de moi, elle m’en recouvre jusqu’au visage et délicatement colle son front au mien, puis d’une intonation douce mais décidée se met à réciter des mots, une prière j’en suis sûr sacrée et, finissant sa phrase dans un mouvement assuré, me souffle de l’air dans la bouche entrouverte. Elle se redresse, me fait signe que c’est terminé et va s’asseoir sur le tabouret en riant.

Non seulement je viens de me laisser faire avec une confiance et une acceptation totales, dans ce qui ressemble fortement à un rite, moi qui suis habituellement d’un naturel méfiant, mais ma réaction immédiate est de me sentir transporté de joie en m’écriant : « C’est ça ! C’est exactement ce que j’attendais !… » Je me sens heureux, un peu comme libéré et excité par une foule de questions qui se bousculent dans ma tête. Elle rit en frappant ses genoux de ses mains et me fait signe de m’approcher. Tendrement, tout en me caressant le visage, elle me dit avoir toujours été là, près de moi. Incroyable ! A présent je la comprends sans traduction. Elle me livre mon secret : qui je suis et ce que je dois réaliser… Je l’écoute attentif et levant les yeux je vois le plafond devenir subitement transparent, dévoilant ainsi la construction au-dessus de nous : un gigantesque centre commercial ! En fait, j’en déduis que nous nous trouvons dans ses entrepôts souterrains.

Comment expliquer l’impact que ce contraste entre ces deux mondes provoque en moi ? L’un, celui du dessus dans ce centre commercial qui paraît abandonné et ces gens marqués par le sort dans cette première salle où tout transpire l’amertume d’une société qui se meurt.

L’autre, celui du dessous, ce groupe de prière qui lévite au rythme synchronisé de leur respiration, le tout orchestré par cette vieille femme qui rit, ce monde-là au contraire, par le travail de ces êtres s’unissant dans la sérénité et la joie, semble construire l’énergie de ce que sera le pulsar de la vie de demain. Une pensée traverse mon esprit. Je suis là avec cette femme, conscient de ce bouleversement qui se profile. Au cœur même de ce qui permettra de faire renaître l’humanité. Je me sens à la fois heureux et responsable de cet avenir qu’il nous faut ériger. Je pense à ma fille…

La vieille femme tourne mon visage sur le côté et je vois se dessiner une forme, un cercle que je reconnais : un instrument qu’il y a quelques semaines j’ai imaginé. Très étonné je me tourne pour la questionner et toujours souriante, elle me confirme d’un mouvement de la tête que oui, je me dois de le réaliser, puis dans une lumière éblouissante elle disparaît.

LE MESSAGE

Rêve fantastique ou prémonition ? Peu importe ! Ce qui compte c’est ce que j’en ai compris. Par principe et avant d’en tirer une conclusion hâtive, je commence par analyser la forme même utilisée pour la transmission du message.

Cette fois, je suis personnellement acteur de l’histoire et donc je fais des choix qui ont des conséquences. Une communication s’établit et aboutit à des réponses. Il y a en somme une progression et un résultat final couronné par une satisfaction, ce qui en soi est assez peu courant dans un rêve, même s’il engendre d’autres questions. Mais le songe, lui, livre par définition une information.

Une autre particularité : le souvenir des détails précis. Le rêve ne reste pas à l’esprit, il se dissipe, alors que le songe est gravé indéfiniment dans la mémoire.

Enfin, il m’est possible à tous moments de visionner de mémoire chaque scène de l’histoire, de m’y arrêter pour analyser un détail précis et ceci dans n’importe quel sens, chronologique ou non. La seule impossibilité constatée est de poursuivre une direction, de poursuivre par exemple ma promenade dans la rue du départ alors que par choix je l’ai volontairement interrompue.

Je pense qu’il est intéressant de noter ces critères pour être capable de différencier un rêve d’un songe quant à la forme.

Mais évidemment la forme n’est que l’emballage du cadeau que peut nous offrir un songe. Son contenu, le fond, est le véritable message en soi. Bien sûr qu’il y a plusieurs niveaux de perception. Je ne vous livrerai qu’un condensé qui est à mes yeux la leçon que j’en ai tirée.

Si j’observe attentivement –JE VOIS- et qu’alors je choisis d’agir –JE DEMANDE-, ma réflexion et mon action me permettront d’obtenir ce que je dois obtenir –JE reçois-. Dans ce cas précis : le souffle sacré ou la transmission d’une énergie. Dans tous les cas, c’est un don, une récompense.

Voilà encore à quoi réfléchir !

JE VOIS, JE DEMANDE, JE RECOIS …

Bonne méditation.

Jean-Claude TESCARI

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Cette entrée a été publiée le octobre 13, 2013 par dans Mes Songes, et est taguée , , , .